Deuil Bougie funérailles

Le thanatopracteur 

Thanatopracteur

Le thanatopracteur est un professionnel auquel la famille fait appel pour assurer les soins de conservation du corps afin de retarder la thanatomorphose ou processus de décomposition du corps. Il bénéficie d’une formation très complète pour exercer ce métier dans les meilleures conditions.

Définition

Le thanatopracteur est un professionnel certifié par le Ministère de la Santé qui effectue des soins de conservation au défunt, appelés aussi des soins d’hygiène et de présentation. Non obligatoire, les soins de conservations sont conseillés afin de permettre aux familles de voir leur proche plus longtemps et dans de meilleures conditions. Le thanatopracteur exerce la thanatopraxie. A quoi sert un acte de thanatopraxie ? à retarder la dégradation des corps et gommer les stigmates de la mort.

Le thanatopracteur : son travail

La mission principale du thanatopracteur consiste à prodiguer des soins sur le corps d’une personne disparue de manière à le préserver de la détérioration jusqu’à sa mise en bière (en cercueil). Ces soins sont appelés soins de présentation et d’hygiène. Ils retardent ainsi le procédé de décomposition du corps, appelé la thanatomorphose. Ils donnent également un aspect présentable, reposé au mort pour éviter de choquer la famille. Cela permet d’apaiser un peu la souffrance de ses proches et faciliter de ce fait le début du long travail de deuil. C’est également une manière de conserver la dignité du défunt.

Il exerce souvent seul dans une société de pompes funèbres et dans la chambre funéraire ou au domicile de la personne décédée. Il joue un rôle très important :

  • Il apporte un soutien non négligeable à la famille, il l’écoute et la conseille ;
  • Il nettoie le corps ;
  • Il le désinfecte afin de limiter les risques de maladie post-mortem ;
  • Il prodigue les soins qui permettent de conserver le corps en bon état jusqu’à la mise en bière ;
  • Il remodèle les parties du corps qui ont pu être endommagées à cause d’une maladie ou du prélèvement d’organe ;
  • Il maquille, coiffe et habille le disparu ;
  • Il met le corps dans le cercueil.

L’ensemble de ces opérations dure environ deux heures et permet de garder le corps intact jusqu’à la mise en bière tout en le préservant aussi des odeurs désagréables.

Comment se déroulent les soins ?

On compte environ entre une heure et demie et deux heures pour effectuer ces soins.

Les soins se déroulent en différentes étapes.

Durant la première étape :

  • Il lave le corps et il le désinfecte pour éviter que des maladies post-mortem puissent se propager ;
  • Il extrait les gaz et une partie des fluides qui risqueraient de produire des bactéries, il incinère ensuit les fluides ;
  • Il injecte par voie intra-artérielle une solution dite biocide : sporicide, virucide, fongicide et bactéricide.

Le but de ces opérations :

  • Elles permettent au corps d’être admis en chambre funéraire, conformément à l’article R. 361-37 du Code des communes ;
  • Elles évitent la détérioration du corps ;
  • Elles permettent de neutraliser les proliférations parasitaires et bactériennes, ainsi que les odeurs dues à la thanatomorphose.

La seconde étape consiste à :

  • Laver et sécher le corps ;
  • Fermer les paupières et les mâchoires ;
  • Réaliser la toilette nécessaire ;
  • Remodeler le corps avec du plastique, de la cire ou du coton.

La dernière étape est réservée à :

  • L’habillement du corps ;
  • Le maquillage de celui-ci si nécessaire et souhaité par la famille ;
  • Coiffer les cheveux correctement ;
  • Placer le corps dans la position requise.

C’est une partie importante qui doit être réalisée avec soin puisque c’est la finalité qui assure un résultat satisfaisant. Le thanatopracteur est obligé de fixer un échantillon du produit qu’il a utilisé à sa cheville.

Bon à savoir : ce n’est généralement pas ce professionnel qui se charge de la mise en bière, celle-ci est assurée par le personnel de la société de pompes funèbres, les porteurs du cercueil et le maitre de cérémonie, en présence de la famille ou pas.

La formation du thanatopracteur

La profession de thanatopracteur ne peut être exercée qu’après avoir obtenu le diplôme national de thanatopraxie, reconnu par le Ministère de la Santé. Il faut le bac pour pouvoir rentrer à l’université de thanatopraxie proposée à l’UFR santé d’Angers ou de Lyon, les deux seuls qui préparent au concours national, soumis au numérus clausus. La formation comprend les matières suivantes : anatomie, histologie, microbiologie, toxicologie, médecine légale et restauration, théorie des soins de conservation. L’examen pour obtenir le DUT se déroule en deux étapes : une épreuve écrite de 6 heures et la réalisation d’un soin de conservation.

Bon à savoir : certains instituts privés assurent cette formation c’est le cas de l’École nationale d’administration et de techniques du funéraire ou de l’EFSSM, mais les études sont très chères.

L’école de thanatopraxie forme les thanatopracteurs en deux temps. Tout d’abord, la théorie, les étudiants passent quelques semaines en fac de médecine (pour assister à une autopsie en autre), et assistent à l’école à divers cours.

La formation dure 150 heures, au terme de laquelle un examen est réalisé. Même si d’une école à l’autre les cours sont différents, un programme est néanmoins commun à tous : anatomie, toxicologie, théorie des soins de conservations, histologie, médecine légale, réglementation funéraire, microbiologie, hygiène, gestion et sciences humaines de la mort.

Lorsque l’examen théorique est validé, le futur thanatopracteur doit trouver un ou plusieurs maîtres de stages pour effectuer auprès de lui les cent soins nécessaires au passage de l’examen pratique. Si certaines écoles aident à trouver des maîtres de stages d’autres ne prennent pas en charge cette dimension. Suite à cela ils passent devant un jury. La convocation est donnée quelques jours à l’avance et l’examen aura lieu dans une morgue (cela peut être à Lille ou à Lyon etc., parfois très éloignés du domicile des candidats).

Une fois l’examen pratique terminé, et réussi, l’étudiant voit son nom apparaître au journal officiel quelques semaines après. Le diplôme national de thanatopracteur est délivré par le ministère de la santé.

Les qualités requises

Comme le thanatopracteur intervient durant une période difficile pour la famille du défunt, il doit savoir maitriser ses émotions. Il faut qu’il fasse preuve de tact, de patience, de discrétion et de motivation. Il doit être appliqué et soigneux et il doit également avoir des qualités d’écoute.

Il faut qu’il aime et sache travailler seul et en autonomie, il doit avoir quelques connaissances médicales, en anatomie, mais également esthétiques. Il faut avoir des qualités de communication et relationnelles importantes.

Il est nécessaire d’être en excellente condition physique compte tenu des obligations à porter le corps et le matériel.

Salaire du thanatopracteur

  • Un professionnel débutant au sein d’une entreprise de pompes funèbres ou d’un service municipal commence à 1 500 euros environ.
  • Un thanatopracteur à son compte peut gagner entre 2 000 et 4 000 euros.

Dans 90% des cas, ce professionnel travaille seul :

Quelques chiffres sur la thanatopraxie

En France on compte environ 800 hommes et 200 femmes exerçant cette profession, le métier tend cependant à se féminiser.

Aujourd’hui, on estime en effet que 60% environ des candidats, sont des femmes.

Le coût de la thanatopraxie

Les soins de conservation ou thanatopraxie sont assez coûteux, il faut compter généralement en moyenne entre 300 et 400 euros pour des soins considérés comme ordinaires.

Il faut que vous demandiez plusieurs devis à différentes entreprises de pompes funèbres avant de choisir son prestataire. Vous pourrez ainsi comparer les prix correctement en fonction des prestations, les prix peuvent en effet passer du simple au double.

Dans certains cas, la souscription d'une assurance obsèques permet de s'affranchir des frais liés aux soins (déjà comprit dans les prestations du contrat).

La réglementation en matière de thanatopraxie

C’est un univers très réglementé qui doit obéir à certaines règles :

Il faut demander une autorisation du maire de la commune où a lieu cette opération ou du lieu du décès.

Il faut pour l’obtenir, présenter une déclaration où les mentions suivantes doivent figurer :

  • Le nom et l’adresse du thanatopracteur ;
  • Le lieu et la date de l’opération ;
  • Les modalités de l’intervention et le nom du produit qui sera utilisé.

Avant que la réalisation des soins puisse être effective, il doit obtenir différents éléments comme :

  • Le certificat de décès précisant que rien ne s’oppose légalement aux soins, rédigé par le médecin ayant constaté le décès ;
  • Les dernières volontés du disparu ou de la personne qui est autorisée à procéder à l’organisation des obsèques ;
  • En cas de mort violente, le procès-verbal permettant l’inhumation.

Bien entendu, le professionnel doit connaitre parfaitement et respecter scrupuleusement les lois qui encadrent la thanatopraxie et qui traitent de la manipulation et du traitement des cadavres. Il doit être titulaire du diplôme et être habilité ou déclaré comme salarié dans une entreprise reconnue par la préfecture.

Pourquoi faire appel aux soins de thanatopraxie ?

Les soins de conservation sont recommandés dans certaines situations :

  • Décès à domicile ou dans un établissement de soin ou une maison de retraite qui ne possède pas de cases ou d’équipement réfrigérés.
  • De manière à prolonger le délai de la mise en bière soit parce que la famille est loin, soit parce qu’elle désire le veiller plus longtemps en chambre funéraire ou à domicile.

Dans certains cas, la thanatopraxie est obligatoire  et la loi exige leur réalisation :

  • C’est le cas en cas de transport du corps à visage découvert avant la mise en bière : dans les premières 24 heures, en cas de transport sur plus de 600 km, dans le délai compris entre 24 et 48 heures.
  • Pour entrer dans certains pays même en cercueil.

Depuis le 1er janvier 2017 et à la suite de l’arrêté du 12 juillet 2017, les soins de conservation sont autorisés sur des défunts atteints du sida ou d’une hépatite virale. La thanatopraxie reste toutefois interdite en cas de rage, de choléra, de fièvres hémorragiques graves et contagieuses, de la maladie de Creutzfeld-Jacob, de la peste, ou d’un syndrome respiratoire aigu sévère.

En France, on estime que dans un décès sur quatre la famille a recours à la thanatopraxie. Ce chiffre est plus élevé que dans les pays européens en général.

Bon à savoir :

  • Dans certains cas, le défunt avait décidé avant sa mort d’avoir recours aux soins de conservation. Il a pu le mettre par écrit dans son contrat obsèques.
  • Dans certaines religions comme la religion juive, musulmane ou orthodoxe, cette pratique est interdite, ce qui s’avère problématique dans les situations que nous avons énoncées.

Comment trouver un thanatopracteur ?

La grande majorité des sociétés de pompes funèbres travaillent habituellement avec des thanatopracteurs. Ainsi, si la famille le demande, elle peut donner les coordonnées de professionnels facilement.

Les thanatopracteurs travaillent généralement pour :

  • Les morgues (lieu où les corps sont conservés en attendant leur identification) ;
  • Les hôpitaux ;
  • Les maisons funéraires ;
  • Les écoles de médecine.

Les différentes catégories de thanatopracteurs

Quelque soit l’école choisie, le thanatopracteur aura plusieurs choix quant à son statut. On constate qu’à la sortie des écoles tous ne suivent pas forcement le moule de l’école dans laquelle ils ont été formé. La raison principale est que les écoles étant peu nombreuses en France, la plupart des candidats se rendent à celle qui se trouve le plus proche de chez eux. Néanmoins, on retrouve sur le terrain, trois grandes catégories de thanatopracteurs :

Les thanatopracteurs indépendants

Ils travaillent seuls ou avec un ou plusieurs salariés. Pour pouvoir exercer comme thanatopracteur indépendant, il faut demander une autorisation préfectorale dans le lieu du domicile, valable sur tout le territoire français.

Ils correspondent souvent à la première vague de thanatopracteurs, cela peut être aussi des thanatopracteurs qui ont exercé pendant de nombreuses années dans une grosse structure telle que Hygéco. De plus en plus, cette catégorie recense aussi les nouveaux arrivants qui ne trouvent pas de patrons, ou qui ne veulent pas se déplacer loin de leur ville d’origine.

Un thanatopracteur indépendant a une activité totalement aléatoire. Certains thanatopracteurs indépendants ne font que dix à vingt soins par mois, quand d’autres en feront près de cent.

Les thanatopracteurs salariés

Ils proviennent souvent de structures, pour la plupart Hygéco, mais aussi de plus petites, comme d’un indépendant qui se retrouve avec une masse de travail trop importante pour lui seul. Un thanatopracteur salarié est appelé par son patron, et est envoyé sur le lieu d’un soin. Les pompes funèbres commandent un soin auprès du patron, qui va envoyer son employé sur place, suivant la proximité, le planning etc.

Les thanatos-pompes

Ces derniers exercent à la fois l’activité d’un employé de pompes funèbres (porteur, maître de cérémonie, assistant funéraire), mais aussi celui de thanatopracteur. Ils sont polyvalents. Ils travaillent en général pour une seule pompe funèbre, et leur patron est le directeur de la  pompe funèbre. Parfois même c’est le patron de l’entreprise qui est aussi thanatopracteur.

Les thanatopracteurs "remplaçants"

Un autre type de thanatopracteur existe, moins nombreux, mais en expansion, ce sont les thanatopracteurs remplaçants. En effet, plus il y a de thanatopracteurs, moins ils trouvent de poste en tant que salarié, donc plus il y a d’indépendants, qui lorsqu’ils doivent s’absenter pour des raisons médicales ou personnelles (souvent les vacances) font appel à ces thanatopracteurs remplaçants.

Un thanatopracteur effectuera plusieurs soins dans une journée, comme il peut ne pas en faire du tout, c’est un métier complexe sur le plan de la disponibilité. Il est aussi habitué à travailler dans l’urgence et doit effectuer de nombreuses heures de route par mois.

Credit photo : Quentin Missault