Deuil Bougie funérailles

Thanatopraxie

La thanatopraxie est le métier des thanatopracteurs. Cela consiste a effectuer des soins de conservation sur les défunts, appelés aussi soins d’hygiène et de présentation. La thanatopraxie aide à retarder la dégradation naturelle du corps et permet d’effacer ainsi les stigmates de la mort.

Le mot thanatopraxie est relativement récent : il a été fabriqué de toutes pièces, en quelques sortes, par André Chatillon. Il a constitué le mot à partir de « Thanatos », divinité grecque de la Mort, et « praxein », qui désigne une opération manuelle à connotations médicale. Il s’agissait donc de désigner une opération chirurgicale sur un défunt, dont l’objectif était de le préserver des outrages de la décomposition.

Pourquoi effectuer un acte de thanatopraxie ?

  • Pour conserver le corps plus longtemps et permettre ainsi à la famille et aux proches de se recueillir auprès du défunt.
  • Rendre un air apaisé au défunt, surtout si l’acte de thanatopraxie est effectué après une longue maladie, et permet ainsi d’amorcer le travail de deuil.

Comment se déroule un acte de thanatopraxie ?

  • Le corps est nettoyé pour éviter la prolifération des bactéries.
  • Puis, il y a extraction par ponction des gaz et d’une partie des fluides corporels à l’aide d’un trocart.
  • injecte par voie intra-artérielle, dans un même temps, d’une solution biocide, formolée.
  • Méchage et ligature pour éviter les écoulements, les yeux sont fermés et les thanatopracteurs y déposent un couvre oeil pour pallier à l’affaissement des yeux.
  • Le corps est ensuite habillé, maquillé et présenté.
  • Depuis quelques années, le thanatopracteur doit également apposer un flacon échantillon dans lequel il y mettra le produit qu’il a utilisé pour le soin de conservation et le déposera à la cheville du défunt ( ou le glissera dans une chaussette/bas )

La thanatopraxie n’est pas obligatoire en France, elle l’est seulement dans le cas de rapatriement à l’étranger dans certains pays.

La thanatopraxie est un univers très réglementé

Une autorisation préalable du maire de la commune du lieu de décès doit être signé ou du lieu où ils sont réalisés.

Comment est-elle délivrée et que mentionne-t-elle ?

  • le lieu et l’heure de l’intervention ;
  • le nom et l’adresse thanatopracteur ;
  • Les fluides utilisés

Avant de réaliser un acte de thanatopraxie, thanatopracteur doit détenir ces différents éléments obligatoires.

La thanatopraxie est pratiquée grâce à un diplôme d’État géré par le Ministère de la Santé.

Il faut être titulaire du diplôme national de thanatopracteur et être habilité ou déclaré comme salarié dans une entreprise habilitée.

Combien coûte un acte de thanatopraxie ?

Le prix varie entre 200 à 500 € pour les familles, les thanatopracteurs eux facturent leur prestation à leurs clients : les pompes funèbres.

La thanatopraxie est un métier sans cesse en évolution, et connait de nombreux remous légaux. Les derniers textes en vigueur traitent des conditions d’exercice dans lesquelles les thanatopracteurs peuvent pratiquer les soins à domicile. Retrouver l’intégralité de ce texte ici.

Un nouveau texte est à paraitre cet été concernant la levée des soins sur les personnes porteurs du VIH et qui redéfinirait la liste des maladies contagieuses sur lesquelles il est impossible de faire un soin de conservation.

La thanatopraxie a connu un engouement certains il y a quelques années, mais voit depuis quelques années son accès limité par un numerus clausus qui limite le nombre de diplômés par an – actuellement 60.

Près de moitié des décès par an bénéficie d’un soin de conservation. Ainsi plus de 200 000 actes de thanatopraxie sont pratiquées chaque année en France.

Par ailleurs la profession s’est nettement féminisée, ainsi près de 60 % des thanatopracteurs sont des femmes.

Aux origines de la Thanatopraxie

Elle remonterait sans doute aux débuts de l’Antiquité avec les procédés chimiques de momifications notamment développés par les Égyptiens avec l’embaument à la différence des Incas qui utilisaient la déshydratation naturelle. La thanatopraxie n’avait pas du tout le même objectif qu’aujourd’hui puisqu’à l’époque il s’agissait surtout de préserver les corps pour permettre à l’âme des défunts de les retrouver par la suite. En Chine aussi l’embaument était pratiquée.

En revanche en Europe, l’Histoire ne relate que très peu l’embaument qui s’approche plus du milieu médical.  Des anatomistes de la Renaissance s’y sont essayés pour conserver leurs spécimens. Je pense notamment à Léonard de Vinci.

L’inventeur français Jean-Nicolas Gannal dépose en 1837 un brevet pour son procédé d’embaumement. Son livre Histoire des embaumements, paru en 1838, est traduit en anglais en 1840 et devient le premier document publié aux États-Unis à propos de l’embaumement. Le docteur Holmes de New York, s’inspirant du procédé Gannal, est le père de la thanatopraxie en Amérique. Mais Gannal reste un nom très controversé pour les thanatopracteurs français.

La thanatopraxie telle qu’on la connait aujourd’hui nous vient des États-Unis et de la guerre de Sécession. Il fallait conserver les corps d’officiers morts loin de chez eux avant de les renvoyer à leur famille pour inhumation.

L’année 1867 marque un tournant pour la thanatopraxie, c’est l’année où un chimiste allemand, August Wilhelm von Hofmann, découvre le formaldéhyde. Ses propriétés biocides ont été vite reconnues et il est devenu une des bases de l’embaumement artériel moderne.

En France, la thanatopraxie semble apparaître dans les années 1960, avant de lentement se banaliser. Elle arrive par le biais de Jacques Marette :

L’Histoire de la thanatopraxie n’est pas juste le fruit d’une invention à un moment donné de l’histoire, mais bien le résultat à la fois de nouveaux besoins sur le plan moral, et d’une succession d’avancée technique en matière de conservation des corps. Pour tout le monde, conserver un corps mort revient à penser à l’embaument des égyptiens dans les temps anciens. Or, avant eux, c’est d’abord en Chine que l’on observe ce procédé de momification. De tout temps, pour des raisons diverses et variées, des corps ont été conservés. Pour les populations anciennes il s’agissait d’une part d’un devoir de mémoire par rapport à leurs rois ou leurs pharaons, mais d’autre part d’un devoir spirituel et religieux. Chez les pharaons par exemple, les organes étaient parfaitement conservés et placées dans une amphore aux côtés de son défunt propriétaire pour la réappropriation de ceux-ci des siècles plus tard.  Dans l’ancien régime, la conservation des corps était réservée à l’élite, seuls les rois pouvaient y bénéficier.

Au fil des siècles les techniques évoluent, on passe de l’éviscération, au temps de l’embaument, au grand règne de la conservation par la glace carbonique. Ce dernier procédé sera d’ailleurs utilisé par J. Marette, non pas inventeur mais importateur de la technique moderne de conservation des corps. Tout comme dans les temps passés, la thanatopraxie a d’abord été réservée aux classes les plus aisées de la population.