La toilette funéraire dans l’islam
Dans la religion musulmane, la toilette mortuaire est un rituel très important. C’est un devoir et une obligation religieuse qui incombe systématiquement aux musulmans face au défunt. La mort est considérée comme un passage vers l’au-delà, comme une étape.
La toilette funéraire dans l'Islam en quelques mots
La toilette purificatrice est extrêmement importante. Elle est effectuée par un proche. Le corps est lavé à plusieurs reprises, avant d’être essuyé et entouré de tissus blancs (le tissu ne doit comporter aucune couture, ni dessin). De nombreuses prières sont récitées pendant les toilettes. Les soins de conservation sont interdits (sauf lors d’un rapatriement vers certains pays).
Pourquoi la toilette mortuaire a-t-elle autant d’importance dans la religion musulmane ?
Le but de la toilette du défunt musulman est de faciliter le passage de la vie à la mort en purifiant la dépouille. Celle-ci doit être accompagnée et le rite de la toilette fait partie intégrante de ce rite qui est un moment très important. Elle peut avoir lieu soit au domicile du défunt, au funérarium ou en chambre mortuaire.
Elle comprend :
- Un équipement très précis,
- Des participants spécialement désignés,
- Une fonction rituelle,
- Un nettoyage très encadré avec des gestes bien précis,
- Une mise en linceul.
La dépouille doit rester intègre et cela n’est pas négociable. C’est pourquoi le don d’organe, la crémation et la thanatopraxie sont interdits. L’autopsie si elle doit être pratiquée devra faire l’objet d’une décision rendue par un juge.
La toilette est effectuée très rapidement, le plus souvent le matin de la mise en bière. Il faut savoir que dans la tradition musulmane, le corps est inhumé au plus tard 24 heures après le décès.
En France, la loi exige un acte de décès pour pouvoir procéder à l’enterrement. De ce fait il sera fait dès l’obtention du précieux sésame.
La toilette se déroule pendant que le reste de la famille et des proches sont prévenus du décès. Ils viendront présenter leurs condoléances qu’une fois le défunt mit en linceul.
Quel est le matériel nécessaire ?
Les intervenants doivent être spécifiquement équipés ne serait-ce que pour éviter tout risque d’infection. Ils se purifient avant l’opération par une toilette et après la réalisation de celle-ci. Ils portent des chaussons de protection, des gants et une blouse, ainsi qu’un masque.
Le matériel pour nettoyer le corps se compose de :
- Une paire de ciseaux pour la découpe des vêtements,
- Du dissolvant,
- Des lingettes désinfectantes,
- Des serviettes jetables pour laver et essuyer le défunt,
- Du coton épais,
- Un peigne et une brosse,
- Un coupe-ongles,
- Des feuilles de jujubier, ou un savon et un shampooing,
- Un sac poubelle,
- Un seau pour l’eau,
- Du camphre, des feuilles de rose, du musc pour parfumer corps et linceul.
Qui est autorisé à nettoyer le corps ?
Il se peut que le défunt ait pris la peine de désigner une personne dans son testament. Si ce n’est pas le cas, la toilette peut être faite par des proches, issus des amis ou de la famille, des acteurs religieux ou un imam, des opérateurs d’une entreprise de pompes funèbres.
En général, il est désigné deux personnes pour procéder à la toilette ou parfois quatre au maximum.
Leurs échanges durant cette cérémonie seront discrets et positifs, les gestes effectués seront conformes aux recommandations des textes sacrés, la prière des morts est récitée.
Traditionnellement, la toilette est réalisée par des femmes si la personne est une femme et par des hommes si la personne est un homme.
Il est cependant toléré deux cas de figure : la mère a le droit de laver et préparer son fils s’il n’est pas pubère ou de son mari, tandis que l’homme peut s’occuper de sa femme et de ses filles et fils de moins de 7 ans.
Les différentes étapes de la toilette mortuaire dans l’Islam
- Tout d’abord le corps est placé en hauteur pour ne pas être sali ;
- Il est toujours orienté vers la Mecque ;
- Les vêtements sont ôtés ;
- Les parties intimes sont dissimulées sous un linge opaque ;
- La toilette est effectuée avec la main gauche, et un morceau de tissu en dessous ;
- Le corps est débarrassé de certaines traces et taches comme :
- Les traces de sang, de terre, de boue… ;
- La moustache et la barbe peuvent être taillées ;
- Les pansements, les bijoux, les dentiers sont ôtés ;
- Il est procédé au démaquillage et le vernis à ongles est enlevé ;
- Les dents sont lavées, le nez et la bouche également avec un coton mouillé ;
- Les cheveux sont lavés, ceux des femmes sont coiffés, tressés est placés sous la tête ;
- Le ventre est débarrassé des gaz et matières grâce à de légères pressions ;
- Les blessures et orifices naturels sont remplis de coton.
- L’eau utilisée est froide ou tiède, elle peut être chaude pour les traces qui résistent. Le corps est entouré de gestes doux, les soins prodigués avec respect et attention, en effet, cette religion considère que malgré la mort, le corps reste sensible à la douleur.
- Les ablutions sont pratiquées du haut vers le bas en commençant par le visage et la tête.
- On commence par le côté gauche et on poursuit en basculant le corps du côté droit, jamais il ne sera face contre la table.
- Le corps sera lavé autant de fois que nécessaire pour enlever toutes traces, il l’est trois fois en moyenne.
- Il est séché ensuite trois fois avec des serviettes propres et blanches.
- Il se peut que le cadavre soit trop abimé pour être nettoyé à grande eau, dans ce cas, les intervenants pratiquent des ablutions sèches ou tayyamum. Ils passent leur main sur une pierre ou de la terre, et les appliquent sur les mains, les poignets et le visage du défunt.
Bon à savoir : un bébé mort-né ou un suicidé sera lavé de la même manière. En revanche les martyrs sont enterrés sans toilette directement dans leur tenue de combat. Quant aux pèlerins qui décèdent, ils ne sont pas parfumés.
La mise en linceul
Une fois que le corps est parfaitement lavé, il est enroulé dans un kafin ou linceul. Il est constitué d’un tissu blanc en coton de 2.5 x 8.5 mètres, l’une d’elles sera rayée. Ce tissu est partagé en trois parties, le reste est découpé en bandelettes qui assureront sa fermeture. C’est l’argent du mort qui doit payer l’étoffe.
Le corps est ensuite parfumé avec du musc au niveau des 7 points de prosternation, de l’intérieur des cuisses, des aisselles, du front, des pieds, des genoux et des mains.
Les bras sont disposés le long du corps ou repliés sur la poitrine.
Un coton cache les parties intimes.
Les trois morceaux de tissu sont glissés doucement sous la dépouille, les coins parfumés. Ils sont repliés l’un après l’autre, en commençant toujours par le pan gauche.
Pour le refermer, les bandelettes sont nouées au niveau des pieds, des côtes et de la tête.
Le linceul doit rester parfaitement blanc et un corps qui saigne sera de ce fait placé dans un sac avant de procéder au linceul.
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L’imam se rend au domicile. Le défunt doit être enterré le plus rapidement possible. Le corps est installé dans le cercueil coté droit, afin que le défunt puisse regarder la Mecque. Les hommes de la maison demandent à porter le cercueil aux services funéraires. Lorsque la famille le demande, une cérémonie a lieu à la Mosquée en présence du corps. Lors de l’inhumation, l’imam adresse une dernière prière au défunt. Lors de l’ensevelissement, les femmes et les enfants s’éloignent. Les hommes jettent quelques pelletées de terre.
Il n’est pas d’usage d’envoyer des fleurs.
La crémation est interdite.
Durant les trois premiers jours qui suivent le deuil, la famille reçoit les condoléances, des prières sont récitées. Enfin, 40 jours après le décès, il est d’usage de se réunir afin de prier, pleurer le mort et prendre un repas.
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