Le défunt à domicile
La famille d’un défunt est autorisée à transférer le corps vers un funérarium, en chambre mortuaire si le décès a lieu dans un établissement de soins ou elle peut parfaitement choisir le garder ou de le faire transférer à son domicile ou celui d’un proche. En effet, il est encore autorisé de conserver un corps au domicile. Ceci n’est pas sans risque. Quelques conseils avant d'entreprendre cette démarche.
Les démarches obligatoires pour conserver un corps à domicile
Pour être autorisé à garder le corps aussi bien au domicile du défunt qu’au domicile d’un membre de sa famille, il faut que les démarches obligatoires dans le cadre du décès aient été accomplies.
Si le décès a eu lieu à domicile, il n’y aura pas de transport nécessaire. Dans le cas contraire, le défunt devra être transporté au domicile.
Le transport obéit alors à certaines règles :
- Il doit être transféré dans les 24 heures suivant le décès ou les 48 heures si les soins de thanatopraxie ont été réalisés par un thanatopracteur ;
- Le transfert se fait à visage découvert puisqu’il n’y a pas encore de mise en bière ;
- Il faut que le corps n’ait pas besoin d’être envoyé à l’institut médico-légal.
C’est l’opérateur funéraire qui se charge de toutes les modalités du transport.
Dans quelles conditions un corps peut-il être conservé à domicile ?
On y pense pas toujours, mais les salons des chambres funéraire ne sont pas uniquement destinés à recevoir des défunts, ils sont aussi conçus pour cela. C’est ce qui fait toute la différence : aérés, climatisés, isolés, les funérariums éliminent de façon invisible les facteurs de dégénérescence des corps.
Ce n’est pas le cas du domicile ou peut reposer le défunt, qui lui est conçu pour... les vivants. On pourra alors subodorer deux hypothèses : soit le corps a reçu des soins de conservation, et le thanatopracteur se sera certainement occupé de détailler à la famille les précautions d’usage, soit il n’y a pas eu de soins et ce sera l’équipe chargée de livrer la table réfrigérée qui s’en occupera.
Vous l'aurez compris, pour être conservé à domicile, il faut effectuer certaines opérations sur celui-ci. Toutes les précautions.
Les précautions pour exposer un corps à domicile
La toilette mortuaire : si le décès a eu lieu dans un établissement de soin, celle-ci a été réalisée par le personnel aussitôt (aide-soignante ou infirmière). Si en revanche, le défunt décède à domicile, il est nécessaire de faire appel à des personnes compétentes ou de la réaliser par vous-même. Cette démarche est moins courante, mais les proches peuvent parfaitement le faire. Toilette, coiffure, maquillage… sont des gestes qu’il est possible de réaliser sur place.
Les soins de conservation : ils seront eux réalisés par un professionnel (un thanatopracteur) à l’aide des techniques existantes :
- Conservation par le froid : rampes ou lit réfrigérés, glace carbonique, l’équipement peut être commandé et transporté à domicile, la location revient à 40 euros par jour, en moyenne.
- Par un traitement chimique : effectué obligatoirement par un thanatopracteur et qui suppose le transport du corps vers un funérarium, le temps que ces soins soient réalisés. C’est l’article 52 de la loi santé qui en a disposé. Le seul cas où ils peuvent être effectués à domicile, c’est si le décès a eu lieu au domicile du défunt.
Si les soins par traitement chimique sont réalisés à domicile, il est nécessaire que la configuration du lieu s’y prête afin de garantir la sécurité du personnel et celle des proches du défunt. Ils doivent intervenir dans un délai de 36 heures, il peut être prolongé de 12 heures dans le cadre de circonstances exceptionnelles.
Les soins sont réalisés par un professionnel après l’accord du maire de la commune du lieu où sont faits les soins. Un représentant des forces de l’ordre doit être présent durant cette opération. Ces précisions sont énoncées par l’article R.2213-2-2 du Code général des collectivités territoriales.
Si le défunt repose sur son lit, ils convient de le protéger par une alèse ou toute toile étanche. Même avec des soins de conservations, le corps laisse des contaminants et risque de perdre des fluides. C’est une précaution à prendre à moins que la famille n’ait prévu de s’assurer que le matelas sera détruit ensuite.
Il convient de surélever la tête du défunt, afin d’éviter que les fluides stomacaux puissent remonter et mettre la pression sur le bouchon trachéal.
Plonger la pièce dans la pénombre : les UV contribuent à la dégradation rapide du corps.
Limiter tout apport de chaleur : choisir la pièce la plus fraîche possible pour une exposition l’été, et en pas hésiter à couper le chauffage l’hiver.
Enfin, maintenir la porte de la pièce ou le défunt repose fermée, afin d’éviter au maximum les échanges thermiques et courants d’air.
Il ne faut pas ouvrir la fenêtre de la pièce où se trouve le corps, or quand le disparu est décédé à domicile, c’est un réflexe que peut avoir la famille. En effet, les mouches sont attirées par le cadavre et peuvent pondre dessus et cela depuis des centaines de mètres et encore plus rapidement si l’atmosphère est chaude. Il faut donc rafraichir la pièce en prenant soin de fermer les volets avant, ainsi que les fenêtres et la porte de la chambre. Aussi, si la température le permet, allumer une ou plusieurs bougies, afin de baisser le plus possible le taux d’oxygène dans la pièce.
Il faut que la maison et l’espace dédié permettent un accès facile aux personnes et le passage d’un cercueil (comme s’assurer que le cercueil passe bien dans la cage d’escalier, par exemple).
La veillée du corps à domicile et son organisation
L’exposition du corps à domicile reste possible à condition de respecter certaines règles que nous avons énoncées plus haut.
La pièce où repose le mort peut être décorée, mais en conservant une certaine sobriété, elle est plongée dans une semi-obscurité.
Jusqu’à la fermeture du cercueil, l’exposition du corps reste possible. Le corps repose alors sur un lit réfrigérant ou il est maintenu grâce à l’apport de neige carbonique ou de glace. Il peut également être placé dans le cercueil, maintenu ouvert ou fermé.
La famille ou le conjoint est présente pour accueillir les visiteurs et les diriger vers la chambre dans laquelle se trouve le disparu.
Le mieux est qu’une autre pièce soit réservée au partage avec la famille. Il faut penser à mettre un dispositif pour que les visiteurs puissent laisser un petit mot témoignant de leur passage.
À noter :
- La veillée funèbre ou veillée mortuaire est une tradition qui tend à disparaitre, mais qui peut se perpétuer encore aujourd’hui dans les campagnes. Il s’agit d’une nuit durant laquelle la famille et les proches prient ou simplement évoquent les souvenirs qu’ils ont partagés avec le défunt. Celle-ci a lieu dans la pièce où il repose ou dans une pièce contigüe.
- La tradition catholique veut que le corps du défunt soit aspergé d’eau bénite avec un rameau de buis.