Inhumation ou crémation ?
Au moment du décès d’un proche, la famille doit organiser les obsèques et si le défunt n’avait pas laissé ses volontés, elle devra choisir entre crémation et inhumation. Cette décision est très difficile à prendre, car elle est très personnelle. Pour faire le meilleur choix, il faut connaitre les deux rites funéraires
Qu’est-ce que l’inhumation ?
L’inhumation est appelée couramment l’enterrement, c’est le fait de mettre le défunt en terre. C’est une coutume funéraire très courante. On la retrouve dans la grande majorité des cultures.
L’inhumation a lieu le plus souvent dans un cimetière qui est celui de la commune où vivait le défunt le plus souvent, celle où il est décédé ou encore celle où se trouve le caveau familial. Elle doit avoir lieu après 24 heures et au plus tard 6 jours après le décès. Elle est soumise à l’autorisation délivrée par le maire de la commune. Si le corps vient de l’étranger, les six jours débutent à l’arrivée du corps sur le sol français.
La famille va alors louer ou acheter une concession funéraire qui équivaut à un emplacement dans le cimetière. Un contrat de concession qui précise sa durée temporaire, trentenaire, cinquantenaire ou perpétuelle et sa destination, individuelle, collective ou familiale. Si la famille ne peut pas payer une concession, le défunt sera inhumé dans un terrain commun, dans un emplacement gratuit fourni par la commune et pour une durée de 5 ans au moins.
La famille peut choisir comme elle le veut l’opérateur funéraire qui va se charger des obsèques, c’est à lui que reviendra le fait de faire les démarches nécessaires si la famille le demande. Le coût de l’inhumation varie selon les prestations choisies.
La crémation : un procédé ancien qui tend à se répandre
La crémation consiste à réduire en cendres l corps du défunt dans un crématorium. C’est un procédé qui est très ancien dans certaines cultures et qui se développe considérablement ces dernières années en France. Les délais de réalisation sont les mêmes que pour l’inhumation, entre 24 heures et 6 jours après le décès. Elle est soumise à une autorisation délivrée par la mairie de la commune où a lieu la mise en bière, dans le cadre du transport du corps, ou dans la commune du décès.
Compte tenu de l’essor de cette pratique, le législateur l’a encadré correctement. Depuis 2008, tous les cimetières des communes de plus de 2 000 habitants doivent aménager au moins un espace cinéraire destiné à accueillir les cendres. Cette loi est effective au 1er janvier 2013.
Le législateur a reconnu les cendres comme devant disposer du même statut que le corps resté entier. De ce fait, les cendres ne peuvent plus être conservées chez soi. Elles doivent être déposées avec leur urne ou dispersées dans un lieu approprié. Après la crémation, la famille, si le défunt n’avait pas fait part de sa volonté, doit choisir entre les différentes solutions qui s’offrent à elle.
Elle peut placer l’urne en terre dans un petit caveau individuel, une cavurne, ou dans un tombeau familial avec des corps en cercueil. Elle peut les déposer dans une case au sein du columbarium, case qui peut accueillir une ou plusieurs urnes. Elle peut également les disperser au sein du jardin du souvenir, espace cinéraire collectif. Elle peut également à la demande du défunt, opter pour la dispersion en pleine nature ou en pleine mer.
La famille est libre de choisir la société de pompes funèbres qui va s’occuper de tout comme pour l’inhumation. Le prix varie suivant les prestations désirées. Cette cérémonie qui au final est encore assez peu connue bien que les choses changent est appréhendée par la famille. Pourtant, les crématoriums ont mis tout en place pour que la famille puisse se recueillir et dire adieu au défunt dans les meilleures conditions. Il est possible de recourir à une bénédiction religieuse avec un officiant si celle-ci le demande.
Il ne faut pas confondre crémation et incinération, cette dernière concerne seulement les déchets domestiques. Cependant le terme peut être employé à tort.
Petit panorama sur le choix crémation ou inhumation
57% des séniors disent préférer la crémation à l’inhumation. Une tendance qui progresse depuis 2008 où celle-ci ne concernait que 43% des personnes. Cette progression peut s’expliquer par deux facteurs : l’éclatement géographique des familles et le détachement d’une grosse partie de la population de la religion.
Qu’en est-il du devenir des cendres ? 59% des personnes interrogées préféreraient la dispersion en pleine nature, ce chiffre passe à 70% quand les personnes sont agnostiques ou athées. Pourtant, dans les faits, les proches choisissent souvent le cimetière, car ils craignent le manque de repères qui ne leur permet pas de se recueillir. C’est François Michaud-Ménard des services funéraires de Paris qui le confirme. Dans le sondage, les chiffres sont de 39% et 52% chez les croyants à préférer effectivement le cimetière.
Côté cérémonie, que ce soit dans le cadre de l’inhumation ou de la crémation, elle reste très importante pour 77% des personnes ayant été sondées, 76%, quand il s’agit d’un proche. La cérémonie religieuse arrive en tête avec 53%, mais les cérémonies civiles semblent de plus en plus tentantes pour 23% des sondés. 53% souhaitent que la cérémonie soit organisée dans un lieu de culte, un chiffre qui baisse de 3 points par rapport à 2013, 14% au crématorium et 17% au cimetière.
La crémation est-elle un choix vraiment écologique ?
De nombreuses personnes ont tendance à penser que c’est le cas. Si l’écologie est une préoccupation constante de son vivant pour certains, elle le reste à leur mort et la crémation leur semble plus respectueuse de leur conviction, mais est-ce vraiment confirmé ?
Pour tenter de répondre à cette question, la Fondation Services Funéraires de la ville de Paris a lancé une étude en 2017 avec le concours de Verteego, une start-up. Les recherches ont été uniquement menées sur la région parisienne, elles tiennent compte de la prise en charge du corps jusqu’à sa décomposition. Déchets, consommation énergétique, logistique, matières premières… Tous les éléments ont été disséqués et les conclusions demeurent intéressantes.
Une inhumation correspondrait à 3,6 crémations. Dans la crémation, ce sont les gaz à effet de serre qui nous intéressent du fait de la consommation de gaz. On estime que la moyenne est de 42 mètres cubes. Vient ensuite le crématorium en lui-même avec sa construction et son utilisation et le cercueil avec le bois et son origine, le vernis et les teintes. Elle équivaut de ce fait à 3% des émissions d’un seul Français sur un an. Elle produit un kilo de déchet qui peut être en grande partie valorisé.
Concernant l’inhumation, c’est le lieu de sépulture qui est le plus impactant avec 88% des émissions de CO2 totales. Cela ‘explique par l’entretien des espaces verts, la construction du caveau, la pose du monument, les matériaux comme le granit qui vient souvent de loin.
Pour améliorer l’impact écologique au niveau de la crémation, des études sont menées pour essayer de valoriser la chaleur émise, en la récupérant. Il est également étudié la possibilité de diminuer la fréquence d’entretien des cimetières, de réutiliser les caveaux qui sont déjà existants et de ne plus employer de produits néfastes pour l’environnement.
Des promesses plus écologiques venues de l’étranger
Ces procédés funéraires commencent à se répandre dans certains pays, mais pour l’instant ils sont impossibles en France :
La promession
C’est une biologiste suédoise qui a mis au point ce procédé en 1999. Il consiste à détruire le corps en poussière, en utilisant moins d’énergie et aucun cercueil. Celui-ci est maintenu durant 10 jours à - 18°C et il est ensuite plongé dans un bain d’azote liquide à – 196°C. Le corps se fragmente, es os sont friables et une fois placé sur une table vibrante, le squelette est réduit en poudre. Les métaux résiduels sont alors séparés et recyclés et la poudre est placée dans une urne biodégradable qui se transforme en compost en 1 an à peine.
Ce processus est autorisé en Grande-Bretagne, en Corée du Sud, en Afrique du Sud et il commence à intéresser les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et les Pays-Bas. Une promession coûte autour de 1 000 euros.
L’aquamation
Scientifiquement, l’aquamation est appelée hydrolise alcaline. Elle réduit le squelette en fines particules. Le corps est immergé dans un tube hermétique et l’on propulse 300 litres d’eau contenant beaucoup de potassium et de sodium, à 100°C durant 5 à 10 heures. Les chairs sont dissoutes et les os deviennent friables, ils sont réduits en poussière grâce à une machine et sont dispersés dans la nature ou dans une urne. Ce procédé ne génère ni CO2 ni méthane et nécessite 10 fois moins d’énergie que la crémation. L’eau peut être récupérée pour fertiliser les cultures.
L’Australie l’a adopté ainsi que le Canada et quelques états aux États-Unis. Elle est peu couteuse puisqu’elle vaut environ 300 euros. Elle est interdite en France.
Inhumation ou crémation : comment faire son choix ?
C’est un choix très intime qui doit être fait sereinement et selon ses propres convictions. C’est pourquoi nous vous conseillons d’y penser et de noter votre décision par écrit pour ne pas laisser vos proches dans une ambivalence très compliquée à gérer.
Sachez que pour la crémation, elle est plus facile à choisir pour soi que pour vos proches. Ne pensez pas que parce que votre famille la privilégie le plus souvent, elle l’adoptera pour vous. Si vous n’avez pas exprimé votre volonté de manière claire, il existe de fortes probabilités que votre famille opte pour l’inhumation. Elle peut avoir des réticences à se séparer du corps d’une manière qu’elle juge brutale.
En souscrivant un contrat obsèques (ou assurance obsèques) et en notant expressément votre souhait ou en déposant vos volontés chez un notaire, celles-ci seront respectées.
Inhumation ou crémation : les prix
Contrairement aux idées reçues, il n’est pas clairement établi que la crémation soit beaucoup moins chère que l’inhumation. Selon une étude effectuée par UFC que choisir en 2017, le prix moyen des obsèques en France serait de 3 350 euros, ce dernier variant selon les régions et les prestations sélectionnées. Le prix de l’inhumation est de 3 350 euros contre 3 609 euros pour une crémation. Cette dernière entraine en effet des coûts additionnels qui font grimper la facture.
En effet, si l’idée populaire veut que la crémation soit moins chère que l’inhumation, il n’en est rien, les professionnels le savent : tout dépend de beaucoup de paramètres. Dans certaines régions la crémation plafonne à 700€, dans d’autres elle n’est qu’à 400€.
La question du prix rejoint aussi le devenir du corps : quid de la destination de l’urne ou du cercueil ? La dispersion en pleine nature reviendra souvent moins chère.
Le transport du corps également peut s’avérer plus important jusqu’au crématorium, particulièrement dans les déserts crématoires (un nouveau mot, c’est cadeau !), laissant à l’inhumation des frais moins élevés.
Le reste des prestations sera à ajouter au compteur, du prix du cercueil, souvent moins élevé pour la crémation, au capiton parfois exclu de ce mode de sépulture.
Il est nécessaire pour avoir une idée réelle des coûts, de faire une étude comparative sur le terrain dans les pompes funèbres ou sur Internet. Vous obtenez de cette manière des chiffres très précis et vous avez la possibilité d’avoir des devis détaillés pour vous aider à comparer efficacement les différentes prestations.
Inhumation ou crémation : ce qu’il advient du corps
Dans ces deux mode de sépultures, une des premiers aspect à évoquer est le devenir du corps. Dans l’un des deux cas, le corps repose en terre, ou dans un caveau, au sein d’un cimetière. Dans la crémation, le corps est crémé, et donc réduit en cendre.
La considération psychologique peut entrer en compte pour les familles. Dans un cas le corps est en cercueil, et subsiste comme une entité « immuable » (en tout cas dans leur imaginaire), ne bouge pas de son emplacement, emplacement clairement marqué à un endroit précis. La « nature » fera son œuvre lentement, c’est un mode de sépulture moins « violent » que la crémation.
Pour la crémation, le corps est « détruit », et d’un cercueil de un mètre quatre vingt cinq, l’on rend à la famille une urne d’une trentaine de centimètre de diamètre, urne qui devra aussi reposer à un endroit particulier ou dont le contenu, les cendres, devra être dispersé.
Bien que ces aspects n’aient pas forcément été pensés par la famille, cela les amènera à considérer le corps du défunt d’une autre manière, dans son aspect « sacré » ou non, sans considération religieuse.
Parfois cela amène à des remarques cocasses, mais qui prouveront que l’idée commence à se faire un chemin : « il n’aimait pas être enfermé » (inhumation exclue), « il avait peur du feu, ou craignait la chaleur ».
Destination finale, un point clé
Enfin, entre inhumation ou crémation, la destination finale du cercueil ou de l’urne est importante.
Si la famille est déjà titulaire d’une concession, une piste s’ouvre : on pourra y faire inhumer l’urne ou le cercueil.
Si ce n’est pas le cas, il faudra faire le choix d’une concession, soit un terrain, soit une case de columbarium. Un coût à prévoir, en plus de l’ouverture et de la fermeture.
Dans le cas d’une concession nouvelle, la plupart des familles feront également le choix d’y faire poser un monument funéraire, on en revient à la question du coût.
La dispersion au jardin du souvenir est une alternative moins coûteuse mais qui représente une impossibilité de dépôt de souvenirs, articles funéraires et hommages, un point à souligner. Tandis que celle de la dispersion en pleine nature également, mais pose aussi le problème d’un endroit défini où se recueillir, qui ne le sera pas forcément à l’avenir.
Ici, c’est sur l’après que l’on doit amener la famille à réfléchir, et sur son besoin ou non de se recueillir à un endroit précis et sur lequel elle pourra ou pas déposer des articles funéraires.
On aborde ici un aspect de « coutumes funéraires », qui sont peut être encore inexistantes pour les familles (premier décès), à un moment où elles n’ont pas du tout réfléchi à l’après. Pourtant la dernière demeure, qu’elle soit au sein du cimetière ou en « plein air » pourra revêtir une importance capitale au bon déroulement du deuil et répondra à d’éventuels besoin de recueillement.
Ces 3 aspects sont les points à évoquer à une famille pour l’aider à faire son choix, parfois un seul suffira à les décider, d’autres fois il faudra les amener à « hiérarchiser » les points les plus importants pour eux. Ne mettez jamais votre patience de côté, vos conseils représenteront choix capital qu’ils ne devront pas regretter.
Enfin, dans le cas où des volontés seraient retrouvées plus tard, ou évoquées par un ami, on pourra aussi préciser que entre inhumation ou crémation, l’un est « réversible » : l’exhumation du corps pour le faire crématiser sera toujours possible. A l’inverse, une fois la crémation réalisée, c’est trop tard !