La crémation dans les différentes religions
La crémation n’est pas perçue de la même manière dans toutes les religions. D’ailleurs elle n’a été admise que tardivement dans la religion catholique et certains cultes ne la tolèrent toujours pas. Les réticences peuvent être nombreuses pour justifier cette interdiction.
La crémation et la religion
D’une manière générale, on peut tout d’abord noter que sur le continent asiatique, la crémation est beaucoup plus répandue que d’autres régions du monde. Elle fait en effet, partie intégrante de la vision de certaines religions.
La crémation est en revanche totalement interdite par le coran et la religion orthodoxe et certains courants de la religion juive et de la religion protestante. Elle est tolérée par le bouddhisme et encouragée par l’hindouisme.
Pour le jaïnisme et le sikhisme, la crémation est obligatoire.
La crémation et la religion catholique
L’Église catholique a admis la crémation à partir de 1963, à une condition toutefois que la raison ne soit pas motivée par la provocation du choix de culte de cette religion. Elle continue à considérer que l’inhumation constitue une étape très importante pour le rituel de passage de la vie à la mort.
Cette religion pense que la crémation avant la cérémonie religieuse est un acte d’opposition à la foi chrétienne et au bon déroulement des rituels funéraires.
Il faudrait ainsi respecter certaines étapes essentielles aux yeux de l’Église.
La liturgie funéraire devrait se dérouler avant la crémation de manière à respecter les fondements de ce rituel catholique destiné à demander que l’âme du défunt puisse accéder au repos éternel. Elle est matérialisée sous forme de messe complète qui permet de rendre hommage à la personne décédée une dernière fois. Elle pourra se dérouler dans la salle dédiée du crématorium ou à l’église. Elle considère que la liturgie est sacrée et réalisée dans le plus grand respect du corps du défunt.
Lorsque la liturgie se déroule avant la crémation, elle se déroule comme toutes les cérémonies classiques. Comme le corps est présent, il est possible de procéder à tous les gestes qui marquent le respect de l’Église pour le défunt et qui font partie intégrante de cette religion. Le seul petit changement est dans la recommandation finale à la fin de la liturgie des funérailles qui indique que la procession se rend non pas au cimetière, mais au crématorium. Il est également possible de réaliser directement la messe au crématorium. Il est possible pour la famille de prier devant les cendres si elle en ressent le besoin.
Si jamais pour des raisons de planning et de date imposées par le crématorium, la cérémonie religieuse ne peut être réalisée avant la crémation, il est ensuite impossible de procéder aux rituels funéraires classiques.
Il est également possible de nos jours de procéder à la célébration religieuse durant la crémation, cette option donne cependant lieu à débat aujourd'hui encore.
La cérémonie religieuse mettant l’accent sur le corps, elle ne se déroule en présence de l’urne que très rarement encore.
L’Église est également attachée au fait que les cendres reposent dans un cimetière. C’est l’assurance ainsi qu’un lieu de célébration et de repos éternel est bien défini. Il est important pour le défunt et sa famille. L’urne pourra donc être mise dans un columbarium, une sépulture familiale, mais les cendres ne doivent pas être dispersées.
La crémation et la religion musulmane
Différents passages du coran et récits rapportés par le Prophète Mahomet peuvent être mis en rapport avec le traitement du corps par le feu. C’est la même chose dans l’histoire très prolifique de l’Islam qui offre un réel éclairage intéressant sur la vision de cette religion sur la crémation. Bien que le terme d’incinération ou de crémation ne soit pas directement utilisé dans le coran, on peut tout de même déduire que cette religion privilégie de manière très nette l’enterrement à la crémation. Il correspond plus au traitement que les vivants se doivent d’apporter à leurs défunts. Il n’y a aucune référence dans les différents textes sur le traitement par le feu à un corps mort, mais il est interdit de manière explicite sur une personne vivante. Face à de nombreuses contradictions, ce sont donc les légistes qui en décident.
Dans les fatwas modernes, il est possible de trouver quelques évocations, plus ou moins explicites, sur la crémation. Il est clairement indiqué que l’homme étant considéré comme un être étant voué à ressusciter, on ne peut porter atteinte au corps d’un défunt en le brûlant. L’homme vivant ou mort mérite de la dignité et pour cette religion, l’enterrement dans une fosse ou une niche permet de conserver cette dignité. C’est pour cette raison que la crémation est interdite pour un défunt musulman.
Si le défunt avait malgré tout demandé à être brûlé, le testament serait considéré comme nul et sa volonté ne pourrait en aucun cas être exécutée. Le Prophète ayant déclaré que « ce qui fait souffrir un vivant fait souffrir un mort », le feu occasionnant une souffrance, il n’est pas possible d’accepter la crémation, c’est encore un argument en faveur de son interdiction.
La crémation et la religion juive
Concernant cette religion, il existe plusieurs courants qui défendent des idées différentes.
Pour le judaïsme : la crémation est tout simplement interdite, il ne peut donc pas y avoir de cérémonie, pas de présence d’un rabbin, ni de purification rituelle, dans le cas d’un défunt appartenant à ce courant.
Les juifs orthodoxes refusent également la crémation
Si la crémation est prohibée dans cette religion, c’est parce qu’elle constituerait « un avilissement pour le défunt ». La crémation même envisagée comme un acte permettant à ses proches d’économiser sur les dépenses à cette occasion n’est pas acceptée. Il trahirait le concept utilitariste selon lequel si on ne sert plus à rien, vivant ou décédé, on s’interdit toute existence et le droit de faire l’objet d’attention. Dans le judaïsme, la dignité d’un être humain ne doit pas dépendre de son utilité, elle est intrinsèque et inébranlable. Il est donc inconcevable que la famille et les proches du défunt ne puissent se recueillir et lui témoigner de l’affection.
Il est de ce fait inenvisageable de toucher au corps d’un disparu d’aucune façon. La crémation peut alors être ressentie comme un geste destructif de la main de l’homme qui serait assimilable à la violence. Quant à la famille, elle doit pouvoir vivre son deuil sereinement et progressivement en accompagnant la montée de l’âme dans le monde divin et le retour de l’enveloppe charnelle à la terre.
Les juifs considérés comme des libéraux s’autorisent cette pratique sans problème. Dans ce cas le rabbin ne peut pas officier, cependant une cérémonie sera envisagée lors de la levée du corps ou durant le chivâ, pour que le défunt ne soit pas privé complètement des honneurs funèbres.
La crémation et la religion protestante
Cette religion autorise la crémation sans problème. En effet, la résurrection par la chair n’est pas quelque chose qui est mis en jeu, de ce fait l’intégrité du corps physique n’est pas une donnée importante et obligatoire. C’est la théologie de la réforme qui considère de cette manière la crémation. C’est pourquoi dans les pays de confession protestante, les crémations sont beaucoup plus nombreuses que dans les pays chrétiens.
Elle a été acceptée par la confession protestante dès la fin du XIXe siècle. La cérémonie religieuse peut donc se dérouler comme de manière habituelle, celle-ci remplit trois rôles :
Les remerciements à Dieu pour l’existence de la personne, aujourd’hui disparue, contrairement à la religion catholique, on ne prie pas pour les morts.
La réunion des personnes proches du défunt pour montrer à la famille qu’elle est soutenue dans cette période difficile.
Écouter l’évangile, afin de rappeler que l’homme n’est pas condamné, mais promis à la vie.
La crémation et la religion orthodoxe
La confession orthodoxe, comme la religion catholique tolère la crémation sans cependant l’encourager. Elle considère en effet que cela est un frein à la résurrection, puisque celle-ci est envisagée pour l’âme comme pour le corps. La Grèce l’autorise pourtant depuis 2006, mais il faut savoir qu’elle était déjà très répandue chez les Grecs comme chez les Romains. En revanche, elle n’était pas pratiquée chez les Hébreux. Rien dans les Écritures ou les canons ne semble l’interdire expressément.
On observe qu’en Russie, la crémation représente au moins 60% des obsèques et ce chiffre semble être constamment en hausse. Ce phénomène s’explique par trois raisons, le manque de place dans les cimetières, le coût exorbitant des enterrements et le fait que durant la période soviétique, elle a été un moyen de lutte contre la religion.
La crémation et l’hindouisme
Dans cette religion, la pratique de la crémation existe depuis des millénaires. Les hindouistes y attachent une valeur toute spécifique. La fumée qui s’échappe du corps qui brûle serait un lien entre les divinités et le défunt. Ils croient en la réincarnation par les éléments. Du fait de cette tradition, le retour à la nature se ferait par les flammes, puis l’air, ensuite par la pluie, le soleil… Elle est appuyée par les textes qui affirment que les hommes naissent trois fois au cours de leur vie : lors de leur naissance, de leur mariage et de leur mort, sur le bûcher pour retourner à la Terre.
Une fois que la crémation du corps est terminée, les cendres sont jetées dans un fleuve sacré comme le Gange et cette dispersion est accompagnée par des prières.
La crémation et le bouddhisme
Les bouddhistes sont naturellement enclins à admettre la crémation. Ceci s’explique de la façon suivante : pour eux le corps est un amas d’agrégats et il a beaucoup moins d’importance que la conscience. De plus, ils croient en la réincarnation qu’ils nomment "punarbhava" et la mort n’est donc que le début d’une nouvelle existence. C’est pourquoi ils ne la considèrent pas comme un malheur, mais comme une libération qui permet de pénétrer dans un état de paix appelé le nirvana.
Puisque c’est l’esprit de l’Homme qui intègre le corps d’un animal ou d’un être humain, en fonction de sa vie antérieure de sa bienveillance et de sa sagesse, il n’existe aucune raison d’interdire la crémation qui pour eux est censée libérer l’âme et le corps et permet au défunt de renaître de ses cendres. Cela faciliterait la réincarnation.
La crémation et le jaïnisme et le sikhisme
La crémation est obligatoire pour les Sikhs et les Jaïns. En effet dans ces deux religions, on considère le feu comme obligatoire pour la purification. Une fois que le corps est réduit en cendres, des prières et des hymnes traditionnels retentissent et sont comme une offrande qu’elles offrent aux personnes décédées.
Pour en savoir plus : Le déroulement de la crémation